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Freiburg

J'ai mal à mon climat

J’ai mal à mon climat 
Mais d’aucuns n’y croient pas, 
J’ai mal à mon climat, 
Et pourtant ça se voit.

Ce soir Saint Nicolas 
Ne connaît plus le froid 
Cet hiver, seule la pluie 
Résonne en Nuithonie.

Du fond du Gottéron 
Ressurgit le dragon, 
Fournaises de l’été 
Embrasent la vallée.

J’ai mal à mon climat 
Mais d’aucuns n’y croient pas, 
J’ai mal à mon climat, 
Et pourtant ça se voit.

Là sur le Moléson 
Disparus les flocons, 
Les hordes de chamois, 
Sont en plein désarroi.

Pâturages en Veveyse 
Sont noyés sous la glaise, 
Et puis la bénichon, 
Peine à fêter moisson.

J’ai mal à mon climat 
Mais d’aucuns n’y croient pas, 
J’ai mal à mon climat, 
Et pourtant ça se voit. 

Et il pleut tant de fois 
Que même la Broye se noie, 
La truite a pris la fuite, 
La berge se délite. 

Le tilleul à Morat, 
A fleuri aux frimats, 
Touffeur à Hauterive, 
Tuffières à la dérive. 

J’ai mal à mon climat 
Mais d’aucuns n’y croient pas, 
J’ai mal à mon climat, 
Et pourtant ça se voit. 

Et juillet, la Sarine, 
Ne compte plus ravines 
Pendant que sur Avenches, 
S’abat une avalanche.

Une Berra sans printemps 
Futile ou aberrant ? 
Et bourrasques de vent, 
Au lac de Montsalvens. 

J’ai mal à mon climat 
Mais d’aucuns n’y croient pas, 
J’ai mal à mon climat, 
Et pourtant ça se voit. 

Les rives du lac noir 
Ont perdu la mémoire, 
Les prairies tempérées, 
En déserts transformées. 

La Glâne ne flâne plus 
La sécheresse l’a vaincue 
Avant que l’écrevisse 
Exotique, l’envahisse. 

J’ai mal à mon climat 
Mais d’aucuns n’y croient pas, 
J’ai mal à mon climat, 
Et pourtant ça se voit. 

Pour Romont fortifiée 
Le glas a bien sonné, 
Ne filtrent ses vitraux 
Que torrents et chaos. 

Le château de Gruyère 
Arborant ses chimères, 
Brûle sous le soleil 
Des étés criminels. 

J’ai mal à mon climat 
Mais d’aucuns n’y croient pas, 
J’ai mal à mon climat, 
Et pourtant ça se voit. 

Au-delà de cette ère 
Qu’on espère éphémère 
Murmure une mélodie 
D’espoir qui garde vie. 

Dans leur diversité 
Et la simplicité 
Tes gestes quotidiens 
Changent mes lendemains. 

J’ai mal à mon climat. 
Et d’aucuns n’y croient pas, 
J’ai mal à mon climat, 
Mais je compte sur toi.