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Freiburg

2084

La tempête faisait rage. Elle frappait la terre incessamment, comme si elle voulait arracher les derniers fragments de nature qu’il restait à ce sol déjà calciné et fissuré, autrefois couvert d’herbe. Elle s’acharnait, déchiquetant le tapis d’herbe pétrifié à ses pieds. Et en son centre se trouvait une ombre : une forme humanoïde, couverte d’un long manteau de cuir, un masque à gaz sur le visage, une capuche couvrant le reste de son crâne, une main serrant une boussole d’or. Un être qui avançait au milieu du tourbillon, seul. Difficilement, mais il ne s’arrêta pas une seule fois : il avait l’air d’avoir dompté la tempête.

Cette dernière sembla vouloir s’arrêter, comme vaincue par la volonté du marcheur : elle finit par disparaître, aussi vite qu’elle était apparue. L’homme se retrouva alors seul sous le soleil brûlant, au milieu de terres arides et couvertes des rochers rougeoyants. Il finit par regarder l’objet qui le guidait, puis s’arrêta dans le creux ombragé d’un roc. 

Il enleva son masque, dévoilant un visage autrefois harmonieux, mais désormais marqué par la souffrance qui engluait son esprit, véritable toile de rage, de folie qui envahissait chaque jour un peu plus ses pensées, et entrouvrit son manteau, laissant apercevoir sur sa chemise grisâtre un badge, où une main avait autrefois marquée : Griffin. Un simple rectangle de papier pour quiconque, mais bien plus pour l’homme : c’était un rempart face à la folie qui le guettait, le seul fragment de son passé. 

Un passé tourmenté par certains hommes qui avaient continué à cracher sur le peuple leurs mensonges, alors que leurs usines avaient continuées à cracher leurs gaz, détruisant l’atmosphère, laissant un soleil toujours plus brûlant détruire la Terre en la consumant. Griffin s’était donc retrouvé dans un abri souterrain, et à partir de là, le vide. Il ne se souvenait plus de ce qu’il s’était vraiment passé. Juste qu’il avait du quitter ce souterrain, et que depuis, il errait sur cette terre décharnée, cherchant un abri, chaque jour de marche affinant le fil sur lequel tenait sa vie, avec pour seul moteur sa haine contre ceux qui avaient brisé l’humanité. 

Emergeant enfin de ses pensées, Griffin finit par quitter son abri, en imaginant une fois de plus ce que serait ce monde si l’humanité avait réagi plus vite, tout en sachant que c’était trop tard, de toute façon. Il laissa sa haine l’envahir, et poursuivi sa marche vers sa destinée, poussière dans un monde chaotique et détruit par l’homme.